Voici le lien vers le site de
Joseph Országhhttp://www.eautarcie.com/
ou comment devenir indépendant par rapport au réseau de distribution d’eau et par rapport aux égouts.
Fragment d'interview pour en avoir l'eau à la bouche
Pourriez-vous nous expliquer l’historique de votre démarche ?
Le point de départ se situe en 1971, grâce à un évènement fortuit : une panne de fourniture d’eau à Lubumbashi, panne qui a duré plus de deux mois. Nous étions donc privé d’eau, alors que, dans cette région tropicale, des trombes d’eau nous tombaient dessus tous les jours. L’idée s’imposait d’elle-même : il fallait récupérer l’eau de pluie. Ce fut le départ d’une aventure scientifique passionnante qui a aboutit à la mise au point du système PLUVALOR.
Une peu plus tard, dans les années ’80, c’est la participation à un programme de développement rural qui m’a mis sur la piste de la gestion globale de l’eau. En plus de l’organisation de certaines productions agricoles, j’ai été chargé de préparer la construction d’une centrale hydroélectrique sur une petite rivière située à la province de Katanga. Le projet a
été élaboré dans un bureau à Bruxelles, sur base des photos aériennes faites dans les années ’50, pendant l’époque coloniale. Ce qu’on a oublié est qu’entre-temps le bassin versant de la rivière en question a complètement été déboisé. De ce fait, le rapport du débit de la rivière entre la saison des pluies et la saison sèche est passé de 3 à 15. A cause de cela, la centrale n’a pu être construite.
J’ai donc proposé un vaste programme de reboisement pour régulariser le débit. Cette proposition, peu coûteuse par rapport à l’investissement prévu pour la centrale, n’a pas été retenue. Pourtant, l’étude préalable a révélé qu’après 5 ans, on aurait déjà obtenu une régulation permettant une production d’électricité, production en augmentation, grâce
à la croissance des arbres plantés et la régularisation du débit.
C’était donc le point de départ d’une réflexion, de documentation et des expériences qui ont abouti à constater l’interdépendance large entre la gestion de la biomasse et celle de l’eau. C’est la partie sans conteste la plus intéressante et la plus importante de mes travaux scientifiques et aussi la moins connue et de loin, la moins comprise.
Ce n’est qu’une fois de retour en Belgique que je me suis intéressé aux problèmes d’épuration des eaux usées urbaines. Au début des années ’90, à la Commission des Eaux, il a fallu préparer le programme wallon d’épuration. Devant l’ampleur des dépenses (on prévoyait un programme de 5 milliards d’euros, exprimés à l’époque en francs belges), les scientifiques universitaires étaient invités
à faire des propositions pour réduire la « facture » tout en améliorant le degré de protection de l’environnement.
Comme beaucoup d’autres collègues universitaires, j’ai aussi relevé
le défi. Mettant à profit l’expérience acquise en Afrique, en remontant à la source des problèmes, j’ai tenté d’y porter remède à ce niveau. Contrairement à mes collègues, occupés à mettre au point des techniques de réparation, je me suis orienté vers les solutions de prévention.
Il serait trop long d’exposer les différentes étapes de cette démarche scientifique. Quelques années plus tard, j’étais tout heureux de présenter à la Commission des Eaux, le système EAUTARCIE, dont la mise en place
à grande échelle aurait permis à la région d’économiser plusieurs milliards d’euros sur le budget d’épuration, tout en respectant les directives européennes. Le degré de protection de l’environnement aurait dépassé les prévisions les plus optimistes : dans la plupart des petites rivières wallonnes, transformées en
égouts à ciel ouvert, en moins de 2 à 3 ans, on aurait de nouveau pu pêcher truites et saumons, sans dépenser des sommes astronomiques dans des travaux lourds d’égouttage et d’épuration.
J’étais convaincu que la motivation des décideurs pour la protection de l’environnement et pour les économies sur les dépenses publiques était à la hauteur de leurs discours. En somme, ce que je proposais était l’efficacité maximale pour des dépenses minimales.
Les faits ont démontré que c’était une erreur d’appréciation de ma part. Ce qu’on attendait de moi, était tout autre. On attendait le n + unième système miraculeux d’épuration que l’on aurait pu breveter et commercialiser à prix d’or. Plus le système avait
été compliqué et cher, plus on l’aurait apprécié. En somme, je me suis trompé d’objectif. Le but n’était pas la protection des eaux à moindre prix, mais la protection du marché des entreprises d’épuration.
Le système PLUVALOR, montrant le fait que dans bien des cas, on peut se passer d’eau de distribution, n’était pas accueilli avec enthousiasme – c’est le moins qu’on puisse dire – des intercommunales de distribution. La technique de l’EAUTARCIE fonctionnait bien chez un petit nombre de familles. Après ces expériences concluantes, j’ai suggéré d’étendre l’expérimentation
à l’échelle d’un quartier périurbain. Des dizaines de familles étaient prêtes à tenter l’expérience à leur frais, sans solliciter un seul euro à la communauté. Leur enthousiasme et motivation se sont brisés sur une véritable levée de bouclier de la part des sociétés intercommunales de distribution, d’épuration, de travaux publics et (hélas) même des administrations communales et régionales.
Je répète, cette expérience n’aurait coûté un seul euro ni à la commune, ni à la région. En cas d’échec ou mauvais fonctionnement du système, les intéressés
étaient prêts à se raccorder au réseau de d’égouts et de distribution. Ils ont même signé une déclaration en ce sens. Même sous cette condition, l’autorisation leur a été refusée. De toute évidence, pour les responsables communaux et régionaux, une expérience susceptible de montrer qu’un quartier périurbain peut se passer d’eau de distribution, d’égouts et de stations d’épuration, sans la moindre pollution des eaux n’était pas souhaitable.
Le refus de ces expériences a été formulé sur base des lois en vigueur. Avec l’obligation absolue de se raccorder à l’égout, le système EAUTARCIE
est interdit dans les zones à épuration collective. Pourtant dans le cas de ce projet expérimental, les égouts n’y étaient pas encore et une étude préalable a montré que les frais de pose des égouts auraient couvert la mise en place de leur système l’assainissement, mais au lieu d’être financé par la commune et la région, c’eût été à la charge des familles intéressées.
Les quelques familles qui ont passé outre cette interdiction en installant l’épuration sélective des eaux grises dans leurs jardins ont eu de nombreuses tracasseries administratives. Devant les résultats des analyses de leurs eaux épurées, l’administration a fini par tolérer officieusement leur système à condition de payer la taxe pour l’égout. En somme, en vertu du principe du pollueur –
payeur, les plus motivés pour la protection de l’environnement sont contraints de payer pour la pollution des autres. Les intéressés utilisent donc le système EAUTARCIE, sans autorisation réelle. En délivrant l’autorisation, la région aurait violé sa propre loi. En la refusant, elle aurait violé la directive 271/91 de l’U.E. Le problème juridique trouve en fait son origine, dans la transcription troquée de cette directive dans le droit wallon. La situation est pratiquement identique en France.
Quels sont le concept et l’objectif du site EAUTARCIE ?
Dans une maison équipée de ce système, l’eau utilisée par le ménage – y compris pour la boisson – provient d’une citerne qui récolte les eaux du toit. Après usage, cette eau est épurée dans un petit système enterré et rendu finalement à la nature à l’état potable (ou très proche de cette qualité) en l’infiltrant dans le sol du jardin. En somme, au point de vue de l’environnement hydrique, une maison en EAUTARCE, n’au aucun impact sur les eaux : ni prélèvement, ni pollution.
L’objectif du site de même nom est uniquement informatif, sans la moindre prétention commerciale. Je passe plusieurs heures par jour devant l’écran de mon ordinateur pour répondre aux nombreux messages reçus des lecteurs de ce site. Les nombreuses questions sont utiles pour améliorer l’information contenue dans ces pages. Grâce à mes conseils, toujours gratuits, de nombreux candidats bâtisseurs ont pu réaliser des économies substantielles pour une meilleure qualité de vie et dans l’intérêt de l’environnement hydrique.
Ce que je trouve désolant est le fait qu’aucun organisme officiel (UE, état, région, province, commune, municipalité), ni d’association pour la protection de l’environnement, n’a, jusqu’à présent, jugé utile de soutenir financièrement ce travail bénévole dans l’intérêt de tous, fait dans des conditions précaires. L’aide d’un informaticien serait d’un grand secours pour améliorer la présentation de ce site. Même son hébergement est financé par un de mes amis et moi-même, sans la moindre contrepartie de la part du public. Ma pension de retraite ne me permettra plus de soutenir longtemps ce centre d’information gratuite.